Mohamed Hassan Ouazzani et Allal el Fassi : les leaders rivaux du nationalisme marocain en exil dans le sud du Maroc et au Gabon (1937-1946)
Allal el Fassi et Mohamed Hassan Ouazzani apparaissent comme les figures marquantes du nationalisme marocain du début des années 1930 jusqu’à l’indépendance de l’empire chérifien en 1956. Membres fondateurs du premier parti politique nationaliste, le Comité d’Action Marocaine (CAM) en décembre 1934, ces deux zaïms ( leaders ) entrent en rivalité et provoquent la scission interne du CAM en février 1937. Quelques mois plus tard, ils sont arrêtés sur l’ordre du résident général Charles Noguès et condamnés à un exil qui se poursuivra neuf ans au Gabon pour Allal el Fassi et dans le sud du Maroc pour Mohamed Hassan Ouazzani. Moins connues que l’exil court et spectaculaire en Corse et à Madagascar du sultan Sidi Mohamed Ben Youssef, les mises à l’écart de Ouazzani et el Fassi ont, paradoxalement, continué de structurer le champ politique marocain jusqu’à l’indépendance. Malgré les difficultés de l’éloignement, ces « absents » demeurent donc très présents, ce qui interroge sur le degré d’efficacité de la répression coloniale.